Comprendre et agir : guide pour les professionnels sur les violences intrafamiliales
À La Réunion, les violences intrafamiliales sont en hausse de 16,5% en 2023 par rapport à l’année 2022. Cette réalité alarmante, qui concerne l’ensemble de la société, requiert une bonne coordination des intervenants, qu’ils soient des secteurs sanitaires, sociaux, juridiques, psychologiques ou éducatifs. Quelles sont donc les ressources disponibles pour accompagner les personnes victimes de violences sur notre territoire ?
1. Répondre en proximité
Les services d’urgence, notamment les numéros traditionnels comme le 17, le 18 et le 15 ainsi que le 114 (à destination des personnes sourdes et malentendantes) jouent un rôle crucial dans la prise en charge immédiate des personnes victimes de violence.
- Lieux d’accueil, d’écoute et d’orientation
Le 3919 et Viols Femmes Information assurent un premier accueil des femmes victimes de violences sexistes en les orientant vers des associations locales offrant une écoute bienveillante et une prise en charge adaptée.
Des associations spécialisées, telles que AMAFAR-EPE (Association des maisons de la famille de la réunion- Ecole des parents et des éducateurs), ARIV (Antenne réunionnaise de l’institut de victimologie), CEVIF (Collectif pour l’élimination des violences intrafamiliales), AFECT (Association féminine de l’Est contre « Tristesse, Tyrannie, Traumatisme) dans le nord, Femmes Solid’Air, UFR 1 dans l’ouest, le planning Familial, le réseau VIF, Femme des hauts, femmes d’outre-mer dans le sud, s’engagent depuis de nombreuses années.
À travers des permanences associatives sur rendez-vous, elles assurent des missions d’accueil, d’information, d’accompagnement et d’orientation. Des permanences dans les centres commerciaux sont également tenues par l’UFR, CEVIF et planning familial dans les centres Les Terrass à Saint-Joseph et Carrefour Beaulieu à Saint-Benoît.
De même, les commissariats proposent des permanences d’aides aux victimes et de soutien psychologique avec des travailleurs sociaux appelés « les intervenants sociaux en gendarmerie renforcé » (ISG).
Pour les situations d’urgence, les accueils de jour complètent l’offre et permettent un primo-accueil inconditionnel des femmes victimes de violences, en individuel et en collectif par l’AMAFAR-EPE dans le nord, et l’association Femmes des Hauts, Femmes d’Outre-mer au Tampon.
Pour bénéficier d’un accompagnement juridique et un soutien psychologique, l’ARAJUFA (Association réunionnaise d’aide juridique aux victimes et leurs familles) propose des permanences dans plusieurs antennes de droit, commissariats et brigades de gendarmerie sans conditions de ressources. Des consultations gratuites avec un avocat sont également possibles.
Enfin, d’autres acteurs jouent un rôle dans la détection des victimes de violences tels que les pompiers, les agents de la CAF, des CCAS, des services municipaux et proposent des aides financières d’urgence.
- Accès à un hébergement sécurisé
L’hébergement est une priorité absolue pour protéger les personnes victimes. Le numéro d’urgence 115 garantit une réponse immédiate en cas de danger, tandis que diverses structures d’accueil d’urgence offrent un refuge sécurisé, évitant ainsi un retour potentiellement dangereux au domicile conjugal.
Parmi elles, les structures d’accueil et d’hébergement d’urgence temporaire (SAUT) sont spécialisées sur l’accueil des femmes victimes de violences conjugales et de leurs enfants en cas d’urgence. Les allocations de logement temporaire (ALT) permettent la continuité de l’hébergement sécurisé pour les femmes ayant fui leur domicile.
En outre, les centres d’hébergement et d’accueil d’urgence (CHAU) accueillent toute personne sans abri en situation de détresse sociale, psychique ou médicale. Ces structures sont portées par des associations telles que la Fondation Père Favron, Alefpa, l’Association La Halte Père Etienne Grienenberger, le Groupe SOS, et le CIAS de Saint Pierre.
En matière de maintien à domicile, l’ADIL de la Réunion permet de renseigner gratuitement sur les recours, les droits en matière de logement social, les droits en tant que propriétaire et locataire.
2. Faciliter la prise en charge globale et les parcours
Divers intervenants locaux s’engagent à sensibiliser le grand public, promouvoir la détection des violences, faciliter le parcours de santé des personnes victimes et à améliorer leur prise en charge.
- Prévention et sensibilisation
Des associations telles que ARIV, AMAFAR-EPE, AFPDS (Association familiale de prévention développement et santé) et Osons Réagir mènent des actions de sensibilisation et d’éducation, contribuant ainsi à briser le silence et à promouvoir le respect des droits fondamentaux.
- Coordination du parcours
De nombreux acteurs locaux collaborent pour améliorer le parcours de santé des victimes, renforcer les prises en charge et détecter les violences. Cela inclut les services d’urgence somatiques, psychiatriques, les unités trauma et psycho-trauma, les centres médico-psychologiques (CMP), le pôle accueil médico-judiciaire, les médecins, les psychologues, les référents spécialisés dans les violences dans les services d’urgence hospitalière et les autres médecins généralistes, spécialistes.
Par ailleurs, récemment établie à Saint-Paul, la maison des femmes, de la mère et de l’enfant offre une prise en charge globale des personnes victimes de violences. Elle facilite notamment les démarches telles que le dépôt de plainte ou le recueil de preuves, et œuvre activement à la promotion, la prévention, l’éducation, la santé et la formation dans ce domaine.
Dernièrement, l’expérimentation du Pack Nouveau Départ à La Réunion, permettra dès juin 2024, un accompagnement simplifié et complet pour se reconstruire au moment du changement de vie. En effet, les individus auront la possibilité de se tourner vers plusieurs intermédiaires (association, maire, avocat, médecin, etc.), qui faciliteront le contact avec la caisse d’allocations familiales (CAF), interlocuteur unique, qui déclenchera les mesures nécessaires : RSA, programmes de retour à l’emploi ou solutions d’hébergement d’urgence.
En conclusion, de nombreuses ressources sont mobilisables face à des violences intrafamiliales, elles sont consultables sur le site du DAC La Réunion ou sur le site ORVIFF (Observatoire réunionnais des violences faites aux femmes) pour plus d’exhaustivité.
Pour aller plus loin, lutter contre les violences intrafamiliales nécessite d’adopter une approche inclusive et globale pour garantir la sécurité et le bien-être de toutes les personnes vulnérables, quel que soit leur âge ou leur situation.